mercredi 9 janvier 2008

Juger

Je le fais constamment, incessamment, partout où je vais. D’aussi loin que je me souvienne, ça a toujours été un réflexe inné, quelque chose qui allait de soit. Trêve de suspense douteux parce qu’avec le titre vous savez sans doute de quoi je vais discuter; je parle ici de ma tendance à juger.

Utilisant tout ce que peuvent me fournir mes sens tant visuel qu’auditif, je juge à qui mieux mieux. À cause d’un style vestimentaire, une façon de s’exprimer, une calligraphie particulièrement douteuse, une démarche particulière, une bouche laissée constamment ouverte bref, à cause de tout, j’étiquette les gens rapidement. Défaut? Peut-être…

C’est ainsi que rapidement, une fille que je vois lire un livre obtient souvent des bons points tandis qu’un gars qui ramasse la poussière au sol avec son fond de culotte éveille immédiatement des doutes en moi. Quand quelqu’un s’exprime en ponctuant le tout de sacre, je suis réticent.

J’ai travaillé longuement dans une épicerie. Les clients qui achetaient loterie, cigarettes et caisses de Wildcat, le déclic se faisait dans ma tête : pas brillant. Les acheteuses de Dernière Heure, 7 Jours et La Semaine : Ayoye. Trop maquillée, pas sûre. D’un autre côté, une fille au look simple à l’air moindrement intellectuel : opinion favorable. Les jeunes de 15 ans qui viennent flâner dans l’enceinte : future pauvre. C’est aussi clair que ça!

Il y a aussi des paroles qui me permettent de juger à la vitesse de l’éclair. Après 2-3 "C’est pas de ma faute", c’est l’étiquette de la moumoune parasitaire. Trop de "Eille man" = petit arriéré. Un "Moi je pense que le courant de néo-libéralisme auquel on assiste…" et la personne devient ultra savante et candidate à un Nobel.

C’est comme ça pour plein de truc. Une action, un détail et je généralise, je me forme une image, j’extrapole et imagine toutes les facettes de la personne en me basant sur un semblant d’information. Je l’avoue. Je pense que la plupart de gens font ça, sans trop se l’avouer, sans vraiment le réaliser, inconsciemment. On vit dans une société qui juge, qui scrute notre apparence à la loupe afin de nous faire entrer dans un gabarit, rapidement combler l’inconnu pour tomber dans une apaisante connaissance même si elle est illusoire.

L’important au fond, c’est que ce jugement ne soit pas coulé dans le béton et qu’on ne s’empêche pas d’approcher des gens sur la base de ce seul prématuré jugement. Je travaille là-dessus et je m’améliore mais pour l’instant, les fonds de culotte ben bas et les filles aux strings ressortis, je n’arrive pas à passer par-dessus.

11 commentaires:

Julie a dit…

Mon commentaire allait selon ta finale. C'est permis de juger comme tu le fais tant que tu n'es pas fermé.J'ai connu du monde au look tellement fucké qui était tellement jugé par la societé en général mais aussi tellement brillant et loin dêtre l'étiquette qu'on leur attribuait. Dans le fond, ces personnes étaient simplement marginaux par rapport aux normes de la société mais cela ne fait pas nécessairement des cons drogués sans avenir.

A l'inverse, j'ai connue des filles de bonne famille bien élévées qui pouvait faire tout ce qu'il ne faut pas faire dans le dos de leurs parents entre autre. Elles passaient pour parfaites au yeux de beaucoup de monde et pourtant...

Donc, étant moi-même marginale et un peu rebelle à ma façon, j'ai appris très rapidement à ne pas juger les gens pour ce que l'on voit tant qu'on ne les connait pas vraiment. je donne toujours le bénéfice du doute. Suis-je naïve? Peut-être mais j'aime mieux vivre ainsi.

Anonyme a dit…

Je vais dans le même sens que Babs.

J'ai connu beaucoup de gens dans ma vie à l'allure douteuse mais ce n'était pas des crétins pour autant. Suffit d'apprendre à connaître les gens pour découvrir ce qu'ils sont vraiment, au-delà de l'apparence.

Mais j'avoue aussi juger le monde tel que tu le fais, Tapageur, et je le fais même sur Internet. Lorsque je visite un blog qui contient 10 fautes d'orthographes et/ou typographiques à chaque phrase, j'étiquette la personne comme étant quelque peu... comment dire... Pas très éduquée?
Faut dire également que j'ai travaillé dans un Wal-Mart (honte à moi) et j'avoue que parfois, nos jugements prématurés s'avèrent vachement réalistes dans certains cas!

Anonyme a dit…

Je crois que juger est dans la nature de l'humain et comme tu écris dans ton message, on est tous portés à juger un jour ou l'autre, même si on se dit ouvert d'esprit. Certains vont plus loin que d'autres et les préjugés font bien souvent du mal inutilement.

Tout comme Babs, je suis portée à donner le bénéfice du doute et ce, même si parfois cela me demande des efforts! (;

Anonyme a dit…

Juger est à la disponibilité de tous, sans discrimité, petit ou grand, timide ou extraverti, jeune ou vieux tous le monde peut s'addonner à cette activité. Cet acte est ce qu'il se rapproche le plus possible du plaisir gratuit (si on exclut certains actes solitaires et nocturnes). Aucune dépense monétaire est requise et c'est toujours gratifiants de se comparer à la populace (même si on se compare seulement avec l'idée que l'on se fait). J'encourage se jugement facile et si réconfortant. Fini ce temps perdu à se créer de fausses attentes! Les exceptions isolées faussant l'exactitude de notre jugement accéré ne valent pas la peine de sacrifier tant de temps et tout ce plaisir en perspertive.

J'espère vous voir continuer à juger! Que celui qui n'a jamais jugé me juge en premier!

(Un bourreau se doit toujours d'être anonyme.)

Anonyme a dit…

J'abonde dans le même sens que les autres. Je crois pouvoir dire sans trop me tromper que la plupart des gens jugent les autres sans les connaître, c'est tellement facile. Et veut, veut pas, des stéréotypes sont véhiculés par tous. Le tout c'est de ne pas s'y tenir et refuser d'entrer en contact avec des gens parce qu'ils ont l'air de ci, ou de ça.

Sur une autre note, merci pour ton commentaire sur mon blog l'autre jour! Et pour répondre à ta question à savoir ce qu'on lit en littérature québécoise je dirais que c'est très varié d'un professeur à l'autre! De mon côté j'ai lu un recueil d'essais écrits par Arcand et Bouchard (je ne me souviens plus de leur prénoms...), un recueil de poèmes de Gaston Miron, une pièce de théâtre de Michel Tremblay ainsi que le roman Soigne ta chute, par Flora Balzano, que j'ai adoré!
Michel Tremblay, Gaston Miron et Paul Chamberland sont des écrivains qui sont très souvent étudiés. Ce n'est qu'une petite liste mais ça peut donner une petite idée! J'espère seulement que ça t'éclaire un peu..!

Anonyme a dit…

Les punks de ma jeunesse et de mon entourage se sont tous trouvés un emploi convenable : de huissier à petit gars d'inventaire chez Walmart (est-ce qu'un emploi vaut plus qu'un autre par le salaire ou seul le plaisir de le faire a de l'importance?)

Certains drogués de ma jeunesse se trouvent utiles dans les écoles en tant qu'agents de milieu. (Leur expérience ne leur permet-il pas de mieux comprendre ceux qui vivent pareille expérience?)

Ce n'est pas pour te contredire, mais il y a beaucoup et trop d'éléments à juger pour pouvoir mettre une simple et unique idée sur un être humain au premier coup d'oeil. C'est si complexe d'apprendre à se connaître soi-même.

Il faut évaluer tout autant la durée de la crise ou de la période dans laquelle une personne est confinée. On finit toujours par ouvrir les yeux, tôt ou tard, sur la personne que nous sommes réellement, en dehors de l'habillement, de la culture, du langage, ou de la couleur.

Ne te fais pas avoir aux jeux du jugement. Tu y perdras des trésors cachés. Chaque personne a quelque chose d'unique à t'apprendre (même les itinérants, même les "yo", même ceux qui écrivent mal et même moi,...)

Le Tapageur Silencieux a dit…

@babs: Je suis d'accord avec toi qu'il faut essayer d'aller plus loin que les apparences, elles sont parfois trompeuses. La marginalité comme telle ne m,effraie pas, au contraire ce sont souvent les gens les plus fascinants et complexes.

@mymy: Effectivement, même sur internet, le jugement nous guette. Moi aussi, même si mon orthographe et ma grammaire est loin d'être parfaite, je juge beaucoup sur l'écrit.

@annarayna: C'est inévitable de juger. C'est une sporte de réflexe je crois mais comme tu dis, il faut faire les efforts pour voir au delà de ^ca dans bien des cas.

@le bourreau: haha! J'adore ton attitude, on se rejoint sur plusieurs points. L'important c'est que ce plaisir coupable reste un plaisir et n'affecte pas les autres et, assez de tabou, nous jugeons tous un jour ou l'autre!

@emy: c'est vrai qu'il ne faut pas se freiner à aller voir des gens pour le stéréotype qu'ils projettent mais je trouve ça parfois ardu. Pour les lectures que vous faites, je connais Miron et Tremblay, particulièrement Miron que j'affectionne.

@ensevelie: je te laisse me contredire all the way haha! Je sais bien que c'est en partie un défaut chez moi tout ces gras jugements et c'est bons de savoir que des gens qui pourraient ne pas inspirer confiance finissent par vivre heureux avec un boulot qu'ils aiment parce qu'au fond, c'est fondamentalement important au bonheur propre que d'aimer son boulot. Je vais tenter d'ouvrir l'oeil pour ne pas manquer de trésors cachés.

B3tty a dit…

Moi aussi je suis comme ça! J'aime bien inventer des histoires sur des gens que je connais peu. Par exemple, ma voisine de bureau est bête = elle est mal baisée voilà.

La secrétaire de mon big boss est blonde et porte des jupes courtes même en hiver = ils ont une liaison ensemble!

Le gars du courrier est introverti et à un air "weird", je suis certaine que c'est un adepte du sado maso!

C'est divertissant de s'imaginer tout ça... À moins que j'ai vraiment rien à faire, mais bon ;)

Je me demande aussi pourquoi mon imagination s'oriente toujours vers le sexe...

Le Tapageur Silencieux a dit…

@b3tty: J'adore ton imagination! On marche de la même façon, sauf que je m'oriente un peu moins sur le sexe!

Pinocchio a dit…

Laisse souvent (pas toujours) le bénéfice du doute aux coureurs. Mais fais-moi le plaisir de continuer à juger... certains magasinent pour qu'on les juge.

Je dois être franchement pire que vous tous réunis ensemble. Et j'ai la prétention de ne me tromper que TRÈS rarement. (Je ne parle que de ceux que j'ai eu l'occasion de mieux "connaître". Les autres bénéficient du bénéfice.

Nous nous entendrions très bien, cher Tapageur. Tu suivras la série des "syndrômes" sur mon blogue... très bientôt dans ton écran.

voyance a dit…

Je ne prends pas assez de temps pour te lire mais à chaque fois j’en apprends toujours un paquet !
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