mercredi 29 octobre 2008

La lente course

Sylvie est discrète, invisible même pour l'oeil insolant qui s'égare trop peu. Elle se fait petite. L'instinct de survie qu'ils appellent. Mais quand on s'y arrête, elle est belle. Elle trouble aussi. Elle a une chevelure brune, simpliste. Des yeux gris d'une tristesse à s'en déchirer l'âme. Et un sourire qui évoque trop souvent larme, des rires qui ont perdus leurs éclats, comme des bibelots au lustre parasité par les affres de la vie, du temps insolent de la justice. Lorsqu'elle veut se mettre belle, elle enfile une robe longue au tissu usé, délavé, d'un rouge qui fut plus vif à l'époque où elle l'acheta modestement dans un marché aux puces tandis que le soleil brillait bien plus qu'il ne l'a fait depuis trop longtemps. Elle se met du Rimmel bon marché, un parfum stérilement capiteux, un rouge à lèvre trop terne. Or rare sont les fois où elle se maquille pour s'embellir. Trop souvent, elle le fait pour masquer des ecchymoses. C'est que l'histoire de Sylvie est affligeante.

Elle vit dans un petit quatre et demi insalubre d'un quartier mal famé de Montréal avec sa fille et son chum. Avec sa fille de seize ans, qu'elle aime tellement qu'elle en pleure souvent le soir à en noyer son oreiller tandis que celui de sa fille demeure intouché puisqu'elle courre d'une ruelle à l'autre cherchant tout en ne trouvant rien. Sa fille pour laquelle elle veut rester jeune, s'habillant grotesquement avec des vêtements achetés dans le rayon pour adolescente d'une froide multinationale. Sa fille à qui elle pense lors de ses interminables soirées au snack du coin où elle travaille d'innombrables heures, ses mollets se crampant à cause de ses talons stratosphériques, son derrière mainte fois tâter pour des pourboires à peine un peu plus gros. Sa fille a qui elle dit trop peu.

Avec son chum, un être infecte. Un corps moche déformé par nombre d'années d'alcoolisme, deux décennies de travail routinier dans une sombre usine. Un dépôt humain comme roi-détritus dans un appartement royaume du déchets récrémentiels. Son conjoint qui ne manque jamais de la doucher de ses postillons tandis qu'elle cuisine sempiternellement les mêmes repas. Qui ne manque jamais de la tabasser lorsque son regard quitte le sol pour venir croiser ses yeux globuleux.

Sylvie n'a pas vraiment d'ami. Au plus, elle a un regard compréhensif de ses voisines qui ne manquent guère d'entendre les claquements sourds, les invectives vociférée pompeusement par une voix d'ordinaire grumeleuse dérangeant le silence de nuits qui deviennent alors plus sombres. C'est l'omertà. La valse du détournement des regards, une chorégraphie sanguinaire des plus morbides.

Elle a bien peu de loisir, si ce n'est que ses escapades du dimanche soir. Alors que la ville dort, des milliers de gens suspendus à leur téléviseur, son mari obnubilé par le vieil écran cathodique crasseux leur servant de télévision, elle enfile un paletot défraîchi et sort. Elle se perd, elle se découvre pour ironiquement pleurer sa misère. Elle titube, ses yeux embués tandis que les rares passants étiquettent: paumée.

Elle a mal.

Et pourtant elle reste. Elle a peur, elle aime, un masochisme culturel que lui avait légué sa mère asservie et son père qui la bordait avec une intimité agressive chaque soir. Elle se convainc docilement que le bonheur est relatif, son universalité utopique. Elle court après un sens, sa modeste bibliothèque remplie de livres de psychologie achetés usagés lui apprenant une docilité résiliée. Parce qu'il faut demander et ensuite recevoir. Mais ne pas demander trop. Elle reste pour vivre. Pure prostitution de survivance, drame quotidien. Elle endure parce que son conjoint apporte eau au moulin. Une eau souillée, boueuse, mais la roue tourne, sa fille mange et se vêtit, baumes sur plaies. Elle accepte la violence. Il l'amène au restaurant, au cinéma pour se faire pardonner. Ils appellent cela leurs sorties de couple. Criminelle rédemption.

Puis un soir, sa fille rentrera à la maison, complètement défoncée, et retrouvera sa mère, tuméfiée, gisant sur le plancher. Morte. Elle n'appellera pas la police, méfiante du système. Elle sortira du logis, apeurée. Claquement de porte, nuit noire, silence. En courant, elle ira rejoindre le salace crapoteux qui lui vend sa came. Au bout de la soirée, elle terminera dans son lit, plus amorphe que consentante. Son hymen tristement déchiré pour assouvir le pouacre qui lui fait cadeau de la plus empoisonnée des hospitalités qui soit. Et dans ses yeux au vide infinie, pas une larme.

mardi 28 octobre 2008

Faux

3h45, j'en suis à tirer d'étranges conclusions à même les brumeux méandres synaptiques de mon cerveau. Quand tu te sens le besoin de dire des trucs tels "je m'en fous", "ça ne me fait rien", "je m'aime comme je suis", c'est que c'est probablement tout le contraire. Autrement, c'est simplement une évidence, pas besoin de le formuler à voix haute pour tenter de se convaincre, non?

Je m'en fous pas mal moins que je le dis, globalement.

lundi 27 octobre 2008

Compliment

J'ai de la difficulté à accepter les compliments. Truly. Ça me rend mal à l'aise, je doute de la sincérité, du bien fondé, de la crédibilité. Parce que je suis sceptique du désintéressement des gens. Parce que je suis sceptique de l'honnêteté. Parce que je relativise. Parce que je suis critique.

En entrevue, j'ai de la difficulté à nommer mes qualités. Pas que je sois particulièrement humble, je pense au contraire avoir une confiance en moi plus développée que la moyenne. Mais quand quelqu'un essaie de dire du bien, je considère le tout comme de la crotte de boeuf. C'est bizarre.

Tout cela se reflète aussi un peu dans la façon que j'ai de me définir. J'ai tendance à me décrire comme le négatif de ce que je ne suis pas. Je ne suis pas un cave. Je ne suis pas mauvais. Je ne suis pas laid. Je ne suis pas malhonnête. Enfin, vous voyez le topo. J'ai l'impression que je ne suis pas le seul à être comme ça. C'est bizarre. Alors que la majorité des gens se démènent pour obtenir l'approbation des autres, être reconnus positivement, lorsqu'ils y arrivent, ils nient. Et le font en toute bonne foi. Freaking weird. On devrait être capable de sharer de l'amour de façon collective et bien grasse, pourquoi en sommes nous inaptes? Bouh l'humain bouh.

jeudi 23 octobre 2008

Théorème #7

Une des différences entre l'université et le cégep, c'est la plus grande proportion d'étudiants étrangers. On vient d'un peu partout pour fréquenter nos institutions scolaires. Vivant la plupart du temps en résidence, dans une abusivement exigüe chambre, beaucoup de nos amis d'outre-mer passent littéralement leur vie à la bibliothèque. J'étais à étudier lorsque je me suis mis à observer le ratio caucasien:autres. Je me suis dit qu'il y avait une observation fascinante à faire. Voilà ma conclusion:

Ratio d'étudiants étrangers dans la bibliothèque en fonction de l'heure du jour:

Ratio(h) = (|h-15.25|^2)/75.089 +0.3
où 8 < h < 22.5 est l'heure du jour en format international définie sur l'intervalle d'ouverture de ladite bibliothèque.

En effet, autant très tôt que tard, ils sont massivement au rendez-vous.

Am Radio

J'ai une relation amour-haine assez forte avec les lignes ouvertes de la radio AM. Tant sportive en journée qu'en soirée, elles deviennent libres une fois la lune maitresse de la voûte céleste. Depuis maintenant presque 6 ans, je m'endors quotidiennement au son du AM 800, station qui sévit sur les ondes de la Vieille Capitale. 6 années à m'endormir avec mes gargantuesques écouteurs sur la tête, 6 années à me réveiller et être surpris qu'ils soient encore en un seul morceau. 6 ans à entendre les superbes envolés de Ron Fournier, à apprendre à connaitre ses remplaçants, devenir chummy (c'est la partie du texte où j'ai l'air un peu désaxé) avec eux. Les enjeux sportifs de la province sont discutés, 300 000 hommes écoutant en catimini, recroquevillés dans leur couverte, le son des écouteurs comme seul bruit venant troublé l'ultime quiétude des maisons éteintes jusqu'au prochain lever du jour.

Puis, tandis que les partisans du Canadiens se laissent aller dans les bras de Morphée, un tout autre groupe d'individus s'empare des lignes. À minuit tapant, Jacques Fabi prend contrôle du micro pour le début de Bonjour la nuit. Tribune nocturne, des heures de délices radiophoniques, le divertissement le plus pur qui soit.

L'essence même de la beauté du programme réside dans l'excellence des intervenants. Si certains sont brillants, informés, intéressants, d'autres sont séniles, idiots, désaxés. Le mélange est explosif, un bonbon autant sucré que corrosif. Faut dire que les appelants sont rarement des gens "normaux" ou terne c'est selon. Ce sont des gens qui vivent de nuits. Des insomniaques (en suis-je un? J'en suis à statuer...), des personnes assez âgées, des travailleurs de nuit, des B.S., des sales fuckés. Des gens qui piquent ma curiosité d'ordinaire dans la vie. À qui j'essaie de parler quand je peux. Et là, la nuit venue, sans se faire prier, ils se confient à mon oreille droite tandis que la gauche repose tranquillement sur mon oreiller de sarrasin.

J'ai entendu des récits touchants d'immigrants réfugiés, des anecdotes hilarantes de chauffeurs de taxi, des analyses audacieuses du conflit israelo-palestinien, des histoires fascinantes et vivantes sur les années 30-40 racontées par des vieillards encore très allumés, l'épopée marquante d'une ex héroïnomane qui a buché dur pour s'en sortir.

J'ai aussi pu entendre le racisme latent, les préjugés les plus indécrottables, des grossieretés immondes, du sexisme, de la déplaisante véhémence, des insultes au niveau de la cheville.

C'est l'alternance entre les deux, le savoureux et le dégueux, l'aigre et le doux, qui rend l'expérience encore plus exaltante. Chaque appel, une nouvelle incertitude, une nouvelle personne qui désire mettre son grain de sel. C'est le doute, l'inconnu qui meuble chaque soirée à venir qui excite tant.

Et il y a des appelants qu'on apprend à connaitre. Des gens qui appelle régulièrement, plus d'une fois par semaine. Dans mes favoris, il y a Lucille. Une voix frêle, un peu nasillarde. Une dame de 80 ans. Chacun de ses appels débutent par un commentaire sur l'animateur en place, sa préférence entre animateurs de semaine et de fin de semaine balançant au gré de l'identité de l'interlocuteur, une vraie girouette notre Lucille. Une femme qui a vécu donc SAIT, you know what I mean? Il y a aussi Harold. Un gars du Bas-St-Laurent and so proud of it. Il élabore des théories, jamais sur la coche, inexactes, brouillonnes. Mais c'est le genre de gars pas trop rapide auxquel tu acquiesces parce que plus rapide que de tenter de lui montrer son erreur, erreur qu'il ne saurait reconnaitre. Il est cute Harold. Et puis il y a Pierre de Québec. Un gros con. J'aime l'haïr. Et Mario, Laurraine et tant d'autres.

Et puis certains soirs, quand je n'ai pas accès à une radio ou parce que les batteries de mon lecteur mp3 ont rendu l'âme, je suis étendu dans mon lit, je regarde le plafond, le temps est long. Je ne m'endors pas. Je suis comme un bambin qui n'a pas été bordé. Un bébé sans sa doudou. Une nymphomane sans son ramonage. Il me manque un truc...

J'ai besoin de savoir ce qui se trame sur le AM. Hier, un auditeur menaçait un autre de le violenter parce qu'il avait menti à propos de [propos confus sur un politicien], il disait savoir où l'autre habitait et qu'il allait se pointer avec un bâton de baseball. Je riais aux éclats dans mon lit. Le genre de truc que je fais pratiquement jamais en regardant la télévision.

Comment pourrais-je m'en passer?

mercredi 22 octobre 2008

Collection

Ma chambre est un total désordre. Des morceaux de linge éparpillés partout, mon panier à linge demeurant habituellement vide, trônant au beau milieu d'un vaste champs de jeans, de t-shirts, de boxer et de bas. L'habitacle de ma voiture est régulièrement enseveli sous les déchets divers, ma valise pleine de détritus, de bouteilles vides et de snacks à demi consommés. Au primaire, mon pupitre était a total mess, des feuilles un peu partout, des surligneurs que je perdais pour ne plus les retrouver avant le dernier jour de l'année où je vidais mon bureau, découvrant toujours une pomme pourrie ou des raisins secs moisis.

Je ne sais pas trop pourquoi c'est ainsi. Peut-être le reflet de mes idées éparses, l'effet de l'ultime procrastination qui m'est familière et qui me mène à toujours minimiser les efforts ou simplement le confort dans un chaos contrôlé.

Et malgré toute cette anarchie ambiante, il me reste quelques îlots d'ordre dans un océan de désorganisation. Tout ce qui peut s'apparenter à une collection, je le classe, je l'ordonne, je l'archive.

Plus jeune, je collectionnais les cartes de hockey. J'avais différentes séries. Je les classais par ordre alphabétique, par équipe, par numéro. J'avais mes cartables, mes feuilles de plastiques pouvant contenir 9 cartes. Je jouais avec cela, je mettais chaque chose à sa place.

Aujourd'hui, je classe mes livres. J'ai trois bibliothèques, je joue avec leurs contenus. Je classe les bouquins par ordre alphabétique d'auteur. Je les reclasse par genre. J'ai fait un beau fichier Excel où j'ai rentré la totalité de mon avoir. Je spécifie la langue, le nombre de page, je rentre des données, je suis joyeux, je glousse. Ouh Ouh.

Je fais un peu la même chose avec la musique sur mon ordinateur. Par moment, je la classe par artiste. Avec un beau dossier distinct pour chaque groupe/chanteur et un dossier ensuite pour chaque album. Parfois, pris d'un brin de folie, je fuck l'ordre et les regroupe par genre. Puis par année de parution. Des affaires de fou toé!

Et ce soir, alors que je pénétrais dans ma chambre plus bordélique que jamais, regorgé de linge parce que ça fait une éternité que je n'ai pas fait de lavage (ma dernière paire de boxer encore "propre", je l'ai cousu moi-même en économie familiale, secondaire 2, elle m'écrase le Josélito indécemment, je ferai donc du lavage demain), un carton de jus terminé, une bouteille de rhum bien entamé, bref un plancher souillé, j'ai aperçu, au fond de la pièce, mes bibliothèques, toutes shinées, auréolées, en ordre, droites, SPLENDIDES. Le contraste m'a fessé. C'est fou de voir combien l'intérêt change les choses.

lundi 20 octobre 2008

Par Coeur

S'il y a quelque chose qui m'a toujours fendu tout le long de mon parcours scolaire, hormis les cours d'éducation physique mixte (je reviendrai un jour là-dessus), c'est le par coeur. Apprendre la date de signature du traité de Versailles, la location des différentes régions climatiques nord-américaines, la recette de biscuit favorite d'un prof à corrompre, les étapes de reproduction d'une cellule, ça toujours été d'un ennui mortel pour ma pauvre personne. Bien que je pense avoir une mémoire correct, retenir ce genre d'infos s'est toujours avéré de teneur fécale.

C'est le genre de truc qui a teinté mon choix de carrière. Je ne me voyais pas aller en pharmacie apprendre des réactions chimiques par coeur, en droit apprendre le code civil sur le bout de mes doigts, en anthropologie apprendre rien. J'ai plutôt choisi un champ mathématique (actuariat pour ceux qui ne suivent pas) croyant bien ainsi faire un pied de nez à la sacro-sainte mémorisation qui infecte le système éducationnel comme merde infecte la programmation de TQS.

I was so wrong. Pas autant que les représentants libéraux fédéraux par un beau 2 décembre mais quand même.

J'étais à étudier ce soir pour un examen prévu demain lorsque je vécus une véritable révélation. J'apprenais par coeur une quinzaine d'expressions de ratios, des trucs dont je gave ma mémoire à court terme pour ensuite tout supprimer une fois le test passé. J'étais en plein processus de one night avec shemale intellectuel. Je suis pris au dépourvu, je dois combler un besoin, je vis tout intensivement en une nuit, et je supprime de ma mémoire le lendemain. J'ai eu une révélation DISAIS-JE, une genre d'incitation à tout canceller parce que c'est de la marde. Le genre de révélation que le directeur de la programmation de Rad-Can aura à propos de Dany Turcotte lorsqu'il réalisera que les jokes de gay, ça fera. Une brève mais vive impression de pas être à ma place. C'est troublant en sacrament.

Puis là j'ai relaxé, pris une grande respiration, écouté une bonne période de Canadiens et surtout, j'ai relativisé. Je pense qu'on ne peut échapper au par coeur. C'est comme tenter de ne pas entendre de discours facile en écoutant la radio. Impossible. Il faut donc choisir le moins pire de tout et se dire que ça va passer. J'imagine.

Je replonge donc, go les avantages de la famille Résultat net résiduel.

Pour oublier la grisaille.

vendredi 17 octobre 2008

Being a bitch

Fut une époque dans ma frivole jeunesse où je fus un véritable entonnoir potinier. De multiples horizons affluaient croustillantes informations autant qu'anecdotes savoureuses. J'avais su me développer un racoleur réseau huilé parfaitement, j'avais un nombre étonnant de personnes ressources. J'étais le Claude Poirier du racontar, sans boîte vocale cependant.

J'en ai déjà parlé, j'ai l'impression que les gens se confient à moi plus qu'à la moyenne. C'est peut-être un feeling erroné, mais j'ai l'impression de mettre en confiance ou je ne sais trop. Je pense aussi avoir une aptitude particulière pour cerner ce que les gens veulent entendre. De plus, la nature humaine me semble faite de telle sorte que les gens ont BESOIN de parler. Ne s'agit plus qu'à avoir le bon timing, la bonne syntaxe, le bon degré de détachement et on peut savoir tout ce que l'on veut. Rester muet comme un candidat conservateur en campagne, écouter sans juger (nah, faites juste garder votre jugement subtile), et on reviendra vous voir. Votre réseau est ainsi établi, les fenêtres msn pop-up, c'est la grande moisson du commérage et vous êtes désormais racoleur fermier en période faste qui récolte ses semances dans un champ immense de ragots.

C'est ainsi que "dans le temps", j'étais fort connecté. Je trouvais ça drôle, la vie était autrement plus ludique, légère, facile. Je m'amusais, je nourrissais ma curiosité, plus j'en savais, plus je pouvais observer en connaissance de cause mon entourage, l'évolution des relations, la façon que les gens ont de se comporter en diverses situations. Puis j'avais fait le tour du jardin, je m'étais découvert ce qu'ils appellent, dans le domaine scientifique de l'observation humaine, une "p'tite gêne".

Dernièrement, j'ai rechuté.

J'utilise mon BAC comme micro-système expérimental. M'étant foutu éperdumment des gens qui m'entouraient lors de la dernière année, je suis donc en mode rattrapage. Hier soir, je me suis retrouvé avec 5 personnes, un bottin des étudiants et aucune pudeur. Saisissant là une affaire en or, j'ai invité mes comparses à commenter chaque personne de notre année, une personne par une. Hell yeah. Dégueux? Je sais.

La soirée durant, tout le monde a passé sous le bistouri de notre implacable panel. Quelques humides rumeurs, des déversements de fiel, pas mal d'éloges, des jugements en vrac, TELLEMENT d'informations. Mon taux de rétention était à son summum, j'assimilais à un rythme fou, classifiais l'information, la jaugeais. 4 gars, 2 filles, 6 godfucking bitches.

Après coup, je me suis questionné sur la moralité de l'exercice. Mais en y repensant, on a dit bien plus de positif que de négatif (we are sweet bitches), et puis je crois bien que c'est le genre de conversation fort courante. Non?

Je suis donc, en date d'aujourd'hui, fin prêt à observer mon milieu scolaire avec un nouvel oeil. je suis à l'affut. Je tends l'entement mes perches, mets en place mon réseau. J'ai du fun. Une vrai fillette de niveau primaire. Un être pervers.

10-4.

mercredi 15 octobre 2008

Soirée électorale

J'aime la joute politique. Malgré une campagne moribonde, des débats stériles si ce n'est inexistants, j'avais du plaisir à suivre l'évolution de l'intention de vote, à accueillir avec délectations les rares idées qui réussissaient à passer le dense filtre du soporifique politique. C'est donc avec une forte expectative que j'attendais la soirée de ce soir.

Je suis revenu de l'école plus tôt. Pas de glandage jusqu'à neuf heures, d'abus des largesses de la bande passante universitaire. J'ai donc souper dans mon hometown, fais mes lectures estudiantines en début de soirée comme le grand garçon que je suis. J'ai cuisiné une batche de biscuit au chocolat, me suis versé un immense verre de lait, tuner ma télé à Bernie Derome, j'étais fin prêt.

Les résultats commencent à rentrer passé 9h30. Comme prévu, les Maritimes favorisent la bande à Stéphane. Malgré tout, quelques pertes pour les rouges, rien d'encourageant pour les troupes libérales. Puis entre le Québec et l'Ontario. Je vocifère dans mon salon à chaque siège confirmé pour les Bloquistes. Des sacres bien cacaoteux que je noie dans des lampées laitières. L'Ontario est peu rouge. Le nord est devenu orange. Holy God.

Bernie Chou en arrache. Des phrases douteuses, des hésitations nombreuses, il se mélange dans les comtés, les candidats, André Arthur serait candidat dans Pontiac (?). Le panel d'experts semble malaisé par moment.

Parlant du panel. Daniel Lessard, l'excellent animateur des Coulisses du Pouvoir, fait une solide job. On le sent passionné, en contrôle, c'est plaisant à suivre. Michel Auger est pertinent, parcimonieux de ses interventions donc il fait mouche. Les entrevues de Céline Galipeau mènent à peu de chose. Un enchaînement de spin post-campagne, rien pour s'exciter le Josélito.

Ce que j'aime des élections, c'est le suspense, l'incertitude, l'heure juste après de si nombreux sondages, évaluations et hypothèses. C'est aussi l'effervescence from coast-to-coast. Le pays entier qui s'arrête un instant, se dote d'un gouvernement. C'est la démocratie complète, le droit d'émettre son opinion. Une élection, c'est un peu une bouchée de liberté. J'aime ça.

Au final, un autre gouvernement minoritaire conservateur. Rien de surprenant. Une campagne qui n'aura pas changer grand chose. Une encore trop grande représentativité (à mon goût) du Bloc. Et pas mal de changement à venir à commencer par la tête des rouges.

God I love politics.

mardi 14 octobre 2008

La blogosphère pue

Un peu partout sur le World Wide Ouebe, des gens s'exhibent, composent, créent des blogues. Des gens qui, comme moi, ont l'impertinence de se croire intéressants. Quel bande de narcissiques doucereux sommes nous.

Des gens qui ne se connaissent pas se racontent combien leur famille est merveilleuse ou au contraire d'une déplaisance consommée. Ils se taguent en se trouvant hot (ouh ouh), déversant ainsi des torrents de détails inintéressants sur la Grande Toile qui ne demande qu'à être souillée par les égoïstes peintres que nous sommes tous. On se donne des claques dans le dos, se badigeonne à coup de commentaires élogieux. On s'aime tellement. Oh oui. Amour amour.

Ça parle de chat, ça parle d'amour, ça parle de clubber, ça parle de maternité, ça parle de démagogie et ça me parle si peu. J'arpente depuis un moment la blogosphère ce soir pour trouver quelque chose qui m'allume, un nouvel espace qui m'intéressera. C'est vide. Peut-être la forme de média a-t-elle atteint ses limitations? Je ne sais trop. Les trucs fascinants se font abusivement rares et les pages qui suscitent mon intérêt sont très peu nombreuses. Tout est fade. Surtout ici.

Des suggestions?

lundi 13 octobre 2008

Drama

Un peu partout autour de moi, je sens une effervescence palpable. Certains sont emballés par les élections fédérales, d'autres tombent en amour, se couchent aux petites heures, pris dans de langoureux échanges, certains ont des projets sensass, un livre, un voyage en Afrique, d'autres veulent réaliser l'impossible, apprendre la grammaire française dans son ensemble ou la mythologie grecque dans tout ses détails. On se livre des luttes pour obtenir le coeur de jolies jeunes dames, on est passionné par ses études, on pratique de nombreux sports. Et moi, je calisse rien. Du tout, pantoute, nada, zéro, profondeur d'un discours de Gilles Duceppe, néant, fuck all. J'ai l'impression d'être l'oeil de calme dans un cyclone de palpitations.

I desperately need some drama.

Non pas que ma vie soit vide. J'étudie par moment, je fais de la correction, j'ai des activités soooociales avec mon BAC, je vais m'impliquer dans le festival étudiant annuel de la faculté, je lis un bouquin très prenant, je flirt ouvertement avec deux filles, la saison de Canadiens est débutée, j'ai des débats épiques sur la politique. Et malgré tout ça, je m'ennuie profondément. À dire vrai, la chose la plus savoureuse et croustillante de ma dernière semaine fut sans doute la sporadique écoute de la première saison de la falotte série The O.C.. Un bon ramassis de drama, de grasses émotions à vivre par procuration, de la névrose par commutativité. Combattre le morne par l'exaltant télévisuel, rien de bien édifiant.

Dernièrement, deux plaies répandaient de sulfureux ragots sur mon humble personne. D'ordinaire plutôt indifférent dans ces rares cas, je me suis surpris à être ...intense? Bien que d'éhontés mensonges n'aient aucune valeur, je me suis bizarrement pris à penser à des trucs douteux, des concepts flous tel la conservation de ma réputation (oui oui). J'avais le goût de balancer un coup de poing, quelque chose de senti, de spectaculaire, de dramatique à fond. Ma vie comme un épisode de The O.C., huge fuck.

Donc le soir même où j'apprends les sombres faits, j'ai la région fécale enflammée, les sphincters ignescents, le cul en feu, et je fonce vers un des deux jambons dès que j'ai la chance de le croiser. Ne me laissant guère la chance de parler, il me traite plus ou moins de mongole en rapport à un article publié dans le sympathique journal étudiant. Après l'avoir délicieusement envoyé chier, je le questionne sur les étrons potiniers qu'il largue un peu partout. S'ensuit alors une longue tirade douteuse et insensée de sa part afin de tenter de justifier. J'étiquette assez rapidement l'homme en question comme un ultime imbécile. Immédiatement, toute tension s'évapore. La colère laisse place à une mesquine pitié (I am soooo bad), pas de coup de poing. Et plus de drama. Vie plate.

Pas capable de m'enflammer plus de quelques heures. Tout est tellement relatif, l'amour, la haine, la douleur, l'amitié, l'ennui. Esclave du cartésien, je suis prisonnier du terne.

samedi 4 octobre 2008

Cuisine

Quand je serai grand, je cuisinerai mes plats. Le samedi soir sera l'occasion d'étaler ma virtuosité culinaire au grand jour devant une pléiade de camarades invités pour l'occasion. J'aurai plus de livres de recettes que de cd. J'aurai une cuisine de stainless, des couteaux ultra acérés et des comptoirs à perte de vue.

J'aurais une barbe semi hirsute, les cheveux en bataille, les yeux illuminés. Je maitriserai les casserolles comme pas un. À 50 ans, je porterai des chemises trop amples visant à masquer mes man boobs développé au cours d'une vie épicurienne à outrance. J'aurai le rire facile. Et surtout, je mangerai, me gaverai de saveurs.

Nous décanterons notre vin avant de le boire. Je mettrai du sirop d'érable lors de la cuisson de certaines viandes pour enlever l'amertume de cette dernière. Je consommerai des produits du Québec, cueillerai mes fruits à mêmes les pâturages, élèverai des agneaux dans ma cour arrière pour ensuite les consommer. Nous commencerons nos repas avec une ceviche de pétoncles, nous n'utiliserons pas de la limette normale, que de la yuzu. Nous ne mangerons pas de soupe, du gaspacho plutôt. Nous nous délecterons de truite en papillote à la poire et au Mistelle.

Nous choisirons notre vin en fonction du repas. Nous dirons des trucs comme "oh, il revient bien en bouche" ou encore "on m'avait bien dit que ce cépage était fort fruité, ouh ouh". Nous éclaterons de rires clairs et complices. Nous finirons de manger tard, le nez rougi, nous ferons la vaisselle dans l'harmonie, un peu de jazz comme musique de fond. Nous boirons un digestif, affalés sur des divans de cuir, parlant politique, littérature, philosophie.

Nous serons tel Christian Bégin. Mais pas de mobylette. Hell no, pas de scooter. Je vais avoir du fun en maudit.

vendredi 3 octobre 2008

Paranoïa

Pour cause d'insouciance de la part de l'École d'Actuariat ou flagrant manque de candidant, je suis cette session auxiliaire d'enseignement. C'est ainsi que je me retrouve à avoir des périodes de "disponibilité" où je réponds à la verte masse de première année avide de savoir. Également, mes tâches incluent la surveillance d'examen ainsi que la correction de ces derniers.

C'est hier qu'avait lieu le premier test de la dite matière. C'est donc dire que ma fin de semaine sera assurément constituée de correction. J'ai donc sorti mes stylos rouges et me prépare à attaquer les 150 copies qui attendent de subir mon effroyable regard inquisiteur.

Du coup, je suis parti hier de l'école avec une boite contenant 50 copies d'examens. Mine de rien, il y a une genre de responsabilités qui vient avec ça. C'est le résultat d'heures d'étude, d'heures de cours et de 2 heures de cogitation intense. Bref, une boîte de feuilles qui pue le labeur, la sueur de front. Et moi, je suis le détenteur d'un grand butin.

J'arrive chez moi, assez tard et assez las, pas de correction en vue le soir même. Je barre mes portes de voiture, laisse les copies dans la valise. Tranquille Émile, ben bon Manon, c'est bien Alain.

La soirée se poursuit, l'épisode de C.A. était délicieux et Louis Morissette s'affirme de plus en plus comme une superbe plume. Je me couche.

Et puis au milieu de la nuit, dans les environs de 3h AM, je me réveille. Pipi nocturne, routine. Et soudain, sans aucune logique, rationalité, côté cartésien ou tout autre truc masculin (héhé), je me mets à penser aux copies dans ma valise. Je paranoïe (conjugaison douteuse), grassement. Je pense à ce qui arriverait si jamais je les perdais. Je me mets à m'imaginer de rocambolesques scénarios de vol, d'explosion. Je stress big time et me dit que je me rendormirai pas sans être rassuré. J'enfile donc mon vieux bas de pyjama et sors dehors, faisant face à une température glaciale. Évidemment, la boîte est toujours dans ma valise, je m'en empare et rentre en dedans.

Je suis ensuite retourné me couché, satisfait quoique troublé par cet excès de paranoïa. Frigorifié, je mets un bon 30 minutes à me ré-endormir, radio AM aidant. Ça me surprend, je n'ai jamais été le genre à vérifier 5 fois si j'avais barré la porte ou retourner sur mon chemin voir si j'avais bien fermé un rond. Ça me fait pas, des responsabilités.

Bizarre.