J'ai une relation amour-haine assez forte avec les lignes ouvertes de la radio AM. Tant sportive en journée qu'en soirée, elles deviennent libres une fois la lune maitresse de la voûte céleste. Depuis maintenant presque 6 ans, je m'endors quotidiennement au son du AM 800, station qui sévit sur les ondes de la Vieille Capitale. 6 années à m'endormir avec mes gargantuesques écouteurs sur la tête, 6 années à me réveiller et être surpris qu'ils soient encore en un seul morceau. 6 ans à entendre les superbes envolés de Ron Fournier, à apprendre à connaitre ses remplaçants, devenir chummy (c'est la partie du texte où j'ai l'air un peu désaxé) avec eux. Les enjeux sportifs de la province sont discutés, 300 000 hommes écoutant en catimini, recroquevillés dans leur couverte, le son des écouteurs comme seul bruit venant troublé l'ultime quiétude des maisons éteintes jusqu'au prochain lever du jour.
Puis, tandis que les partisans du Canadiens se laissent aller dans les bras de Morphée, un tout autre groupe d'individus s'empare des lignes. À minuit tapant, Jacques Fabi prend contrôle du micro pour le début de Bonjour la nuit. Tribune nocturne, des heures de délices radiophoniques, le divertissement le plus pur qui soit.
L'essence même de la beauté du programme réside dans l'excellence des intervenants. Si certains sont brillants, informés, intéressants, d'autres sont séniles, idiots, désaxés. Le mélange est explosif, un bonbon autant sucré que corrosif. Faut dire que les appelants sont rarement des gens "normaux" ou terne c'est selon. Ce sont des gens qui vivent de nuits. Des insomniaques (en suis-je un? J'en suis à statuer...), des personnes assez âgées, des travailleurs de nuit, des B.S., des sales fuckés. Des gens qui piquent ma curiosité d'ordinaire dans la vie. À qui j'essaie de parler quand je peux. Et là, la nuit venue, sans se faire prier, ils se confient à mon oreille droite tandis que la gauche repose tranquillement sur mon oreiller de sarrasin.
J'ai entendu des récits touchants d'immigrants réfugiés, des anecdotes hilarantes de chauffeurs de taxi, des analyses audacieuses du conflit israelo-palestinien, des histoires fascinantes et vivantes sur les années 30-40 racontées par des vieillards encore très allumés, l'épopée marquante d'une ex héroïnomane qui a buché dur pour s'en sortir.
J'ai aussi pu entendre le racisme latent, les préjugés les plus indécrottables, des grossieretés immondes, du sexisme, de la déplaisante véhémence, des insultes au niveau de la cheville.
C'est l'alternance entre les deux, le savoureux et le dégueux, l'aigre et le doux, qui rend l'expérience encore plus exaltante. Chaque appel, une nouvelle incertitude, une nouvelle personne qui désire mettre son grain de sel. C'est le doute, l'inconnu qui meuble chaque soirée à venir qui excite tant.
Et il y a des appelants qu'on apprend à connaitre. Des gens qui appelle régulièrement, plus d'une fois par semaine. Dans mes favoris, il y a Lucille. Une voix frêle, un peu nasillarde. Une dame de 80 ans. Chacun de ses appels débutent par un commentaire sur l'animateur en place, sa préférence entre animateurs de semaine et de fin de semaine balançant au gré de l'identité de l'interlocuteur, une vraie girouette notre Lucille. Une femme qui a vécu donc SAIT, you know what I mean? Il y a aussi Harold. Un gars du Bas-St-Laurent and so proud of it. Il élabore des théories, jamais sur la coche, inexactes, brouillonnes. Mais c'est le genre de gars pas trop rapide auxquel tu acquiesces parce que plus rapide que de tenter de lui montrer son erreur, erreur qu'il ne saurait reconnaitre. Il est cute Harold. Et puis il y a Pierre de Québec. Un gros con. J'aime l'haïr. Et Mario, Laurraine et tant d'autres.
Et puis certains soirs, quand je n'ai pas accès à une radio ou parce que les batteries de mon lecteur mp3 ont rendu l'âme, je suis étendu dans mon lit, je regarde le plafond, le temps est long. Je ne m'endors pas. Je suis comme un bambin qui n'a pas été bordé. Un bébé sans sa doudou. Une nymphomane sans son ramonage. Il me manque un truc...
J'ai besoin de savoir ce qui se trame sur le AM. Hier, un auditeur menaçait un autre de le violenter parce qu'il avait menti à propos de [propos confus sur un politicien], il disait savoir où l'autre habitait et qu'il allait se pointer avec un bâton de baseball. Je riais aux éclats dans mon lit. Le genre de truc que je fais pratiquement jamais en regardant la télévision.
Comment pourrais-je m'en passer?
Puis, tandis que les partisans du Canadiens se laissent aller dans les bras de Morphée, un tout autre groupe d'individus s'empare des lignes. À minuit tapant, Jacques Fabi prend contrôle du micro pour le début de Bonjour la nuit. Tribune nocturne, des heures de délices radiophoniques, le divertissement le plus pur qui soit.
L'essence même de la beauté du programme réside dans l'excellence des intervenants. Si certains sont brillants, informés, intéressants, d'autres sont séniles, idiots, désaxés. Le mélange est explosif, un bonbon autant sucré que corrosif. Faut dire que les appelants sont rarement des gens "normaux" ou terne c'est selon. Ce sont des gens qui vivent de nuits. Des insomniaques (en suis-je un? J'en suis à statuer...), des personnes assez âgées, des travailleurs de nuit, des B.S., des sales fuckés. Des gens qui piquent ma curiosité d'ordinaire dans la vie. À qui j'essaie de parler quand je peux. Et là, la nuit venue, sans se faire prier, ils se confient à mon oreille droite tandis que la gauche repose tranquillement sur mon oreiller de sarrasin.
J'ai entendu des récits touchants d'immigrants réfugiés, des anecdotes hilarantes de chauffeurs de taxi, des analyses audacieuses du conflit israelo-palestinien, des histoires fascinantes et vivantes sur les années 30-40 racontées par des vieillards encore très allumés, l'épopée marquante d'une ex héroïnomane qui a buché dur pour s'en sortir.
J'ai aussi pu entendre le racisme latent, les préjugés les plus indécrottables, des grossieretés immondes, du sexisme, de la déplaisante véhémence, des insultes au niveau de la cheville.
C'est l'alternance entre les deux, le savoureux et le dégueux, l'aigre et le doux, qui rend l'expérience encore plus exaltante. Chaque appel, une nouvelle incertitude, une nouvelle personne qui désire mettre son grain de sel. C'est le doute, l'inconnu qui meuble chaque soirée à venir qui excite tant.
Et il y a des appelants qu'on apprend à connaitre. Des gens qui appelle régulièrement, plus d'une fois par semaine. Dans mes favoris, il y a Lucille. Une voix frêle, un peu nasillarde. Une dame de 80 ans. Chacun de ses appels débutent par un commentaire sur l'animateur en place, sa préférence entre animateurs de semaine et de fin de semaine balançant au gré de l'identité de l'interlocuteur, une vraie girouette notre Lucille. Une femme qui a vécu donc SAIT, you know what I mean? Il y a aussi Harold. Un gars du Bas-St-Laurent and so proud of it. Il élabore des théories, jamais sur la coche, inexactes, brouillonnes. Mais c'est le genre de gars pas trop rapide auxquel tu acquiesces parce que plus rapide que de tenter de lui montrer son erreur, erreur qu'il ne saurait reconnaitre. Il est cute Harold. Et puis il y a Pierre de Québec. Un gros con. J'aime l'haïr. Et Mario, Laurraine et tant d'autres.
Et puis certains soirs, quand je n'ai pas accès à une radio ou parce que les batteries de mon lecteur mp3 ont rendu l'âme, je suis étendu dans mon lit, je regarde le plafond, le temps est long. Je ne m'endors pas. Je suis comme un bambin qui n'a pas été bordé. Un bébé sans sa doudou. Une nymphomane sans son ramonage. Il me manque un truc...
J'ai besoin de savoir ce qui se trame sur le AM. Hier, un auditeur menaçait un autre de le violenter parce qu'il avait menti à propos de [propos confus sur un politicien], il disait savoir où l'autre habitait et qu'il allait se pointer avec un bâton de baseball. Je riais aux éclats dans mon lit. Le genre de truc que je fais pratiquement jamais en regardant la télévision.
Comment pourrais-je m'en passer?
5 commentaires:
Ça existe encore le AM?? ;) Je croyais que le FM avait pris toute la place!
@p'tit homme: Il reste le réseau Corus sur le AM, mais ils essaient de faire le passage sur le FM, ya des technicalités du CRTC qui mettent du sable dans l'engrenage cependant. Pour l'instant je suis content, j'aime mieux le AM. C'est un son old school, c'est le bruit des éclairs en plein orage, c'est les interférences.
Moi j'adore Mr Fabi... et je ne dors pas aussi bien, si ce n'est pas sa voix qui me berce!!!
Merci d’avoir pris le temps de discuter de cela, je crois évidemment à ce sujet et j’aimerais en apprendre encore sur ce sujet.
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Ton blog est formidable, travail de grande qualité... Je suis certaine que beaucoup seront d'accord avec moi même s'ils ne prennent pas le temps de te le dire.
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