Il fait nuit noire. J'aime bien me promener tard le soir dans une ville où l'effervescence se fait discrète, une ville qui une fois le crépuscule devenu souvenir, devient comme une compagne à fidélité introublable. Je marche erratiquement parmi cette cité de béton, laissant errer mon regard avec une désinvolture quasi érotique parmi ces temples froids et sourds. Je divague sans but, m'évadant ainsi des multiples et carnassiers carcans trop souvent synonyme du soleil. C'est plutôt la lune, de son bienveillant désintéressement, qui illumine mon sinueux parcours d'un faisceau timide.
Lentement, je respire, me soulant à pleines voluptés de ces odeurs qui habitent cette dense atmosphère. Petit à petit, perceptiblement, le gaz carbonique, résidu des milliers de voitures ayant parasité les pavés vieillissant de cette ville si riche, s'évade, se fait oublier, presque désolé de troubler le doux parfum que chaque vague du fleuve amène, coupable de déranger cette équilibre si parfait qu'est celui de la nature. J'inspire à pleins poumons, me délectant des arômes de raffinés épices qui émane de la tardive cuisine d'un petit bistro étonnamment bondé. J'inhale la brûlante fragrance d'une passante au regard de braise.
Comme peu souvent, je me sens en paix. Apaisé par cette consommation sans retenue de ma solitude que je chérie bien plus que je n'ose l'avouer. Loin des sottes considérations trop souvent en provenance d'autrui, je me vautre dans l'indifférence que je provoque, exalté d'une liberté sans bémol. Je saisis ce moment, cette courte période où tout le paradoxe sociétaire est éclatant de par sa magnificence. Alors que le réflexe humain amène à se définir selon la masse, c'est dans ces instants d'unicité que je saisis pleinement un identité que j'ai la frivolité de croire mienne, une personnalité que je me perçois propre. Grisant.
Je prends une pause, mon aléatoire itinéraire m'ayant mené à un point où il m'est permis d'admirer la ville dans toute sa splendeur. À perte de vue, des édifices, des enseignes, de disparates lumières. Un paysage de ciment modelé par de multiples mains, comme un surréaliste tableau peint par des centaines d'artistes égocentriques. Un calme plat règne tandis que le sombre panorama semble immobile.
Je tends l'oreille, écoute ce silence, troublé par ce mât mutisme. Il y a dans cet absence de son un mystère profond, une troublante aporie. Alors que le son du silence engourdi mes tympans, je scrute l'horizon, médusé que tant de vie puisse se faire aussi subtile. Une telle discrétion me paraît indécent.
Dans sa chambre tapissée de posters, une jeune fille de 14 ans se dénudent devant sa webcam, vorace d'attention qu'elle n'a jamais suffisamment reçue. Dans une salle aseptisé d'hôpital, une femme donne la vie, sa main étant serrée par son mari fortement ému par tant de beauté. Dans un miteux appartement, un jeune homme paumé pleure en se masturbant. C'est qu'il pense à un autre homme. Près d'un foyer, un père lit Cendrillon pour la centième fois à sa petite fille qui s'est endormie dans le creux de son bras, le sourire aux lèvres. Dans les confins d'une ruelle, une pute s'envoie une dose d'héroïne avant d'aller se faire baiser par un homme obèse ignoré par sa femme depuis 5 ans. Agrippée à son téléphone, une femme se réconcilie avec sa mère après 15 ans de mésententes mutuelles.
Et pourtant, haut perché, je n'entends rien. Rien de tout ça ne transcende de cette ville dont le calme me semble désormais morbide. L'opacité de la cité étouffe les multiples émotions qui s'y vivent, comme un vice qu'on souhaite caché, cruellement invisible. Je suis là et je n'entends rien. Les bruits devraient être multiples, un tintamarre d'exclamations, tant tristes que joyeuses. Cependant, je demeure sourd, impuissant devant un tel tapage silencieux.
Lentement, je respire, me soulant à pleines voluptés de ces odeurs qui habitent cette dense atmosphère. Petit à petit, perceptiblement, le gaz carbonique, résidu des milliers de voitures ayant parasité les pavés vieillissant de cette ville si riche, s'évade, se fait oublier, presque désolé de troubler le doux parfum que chaque vague du fleuve amène, coupable de déranger cette équilibre si parfait qu'est celui de la nature. J'inspire à pleins poumons, me délectant des arômes de raffinés épices qui émane de la tardive cuisine d'un petit bistro étonnamment bondé. J'inhale la brûlante fragrance d'une passante au regard de braise.
Comme peu souvent, je me sens en paix. Apaisé par cette consommation sans retenue de ma solitude que je chérie bien plus que je n'ose l'avouer. Loin des sottes considérations trop souvent en provenance d'autrui, je me vautre dans l'indifférence que je provoque, exalté d'une liberté sans bémol. Je saisis ce moment, cette courte période où tout le paradoxe sociétaire est éclatant de par sa magnificence. Alors que le réflexe humain amène à se définir selon la masse, c'est dans ces instants d'unicité que je saisis pleinement un identité que j'ai la frivolité de croire mienne, une personnalité que je me perçois propre. Grisant.
Je prends une pause, mon aléatoire itinéraire m'ayant mené à un point où il m'est permis d'admirer la ville dans toute sa splendeur. À perte de vue, des édifices, des enseignes, de disparates lumières. Un paysage de ciment modelé par de multiples mains, comme un surréaliste tableau peint par des centaines d'artistes égocentriques. Un calme plat règne tandis que le sombre panorama semble immobile.
Je tends l'oreille, écoute ce silence, troublé par ce mât mutisme. Il y a dans cet absence de son un mystère profond, une troublante aporie. Alors que le son du silence engourdi mes tympans, je scrute l'horizon, médusé que tant de vie puisse se faire aussi subtile. Une telle discrétion me paraît indécent.
Dans sa chambre tapissée de posters, une jeune fille de 14 ans se dénudent devant sa webcam, vorace d'attention qu'elle n'a jamais suffisamment reçue. Dans une salle aseptisé d'hôpital, une femme donne la vie, sa main étant serrée par son mari fortement ému par tant de beauté. Dans un miteux appartement, un jeune homme paumé pleure en se masturbant. C'est qu'il pense à un autre homme. Près d'un foyer, un père lit Cendrillon pour la centième fois à sa petite fille qui s'est endormie dans le creux de son bras, le sourire aux lèvres. Dans les confins d'une ruelle, une pute s'envoie une dose d'héroïne avant d'aller se faire baiser par un homme obèse ignoré par sa femme depuis 5 ans. Agrippée à son téléphone, une femme se réconcilie avec sa mère après 15 ans de mésententes mutuelles.
Et pourtant, haut perché, je n'entends rien. Rien de tout ça ne transcende de cette ville dont le calme me semble désormais morbide. L'opacité de la cité étouffe les multiples émotions qui s'y vivent, comme un vice qu'on souhaite caché, cruellement invisible. Je suis là et je n'entends rien. Les bruits devraient être multiples, un tintamarre d'exclamations, tant tristes que joyeuses. Cependant, je demeure sourd, impuissant devant un tel tapage silencieux.
9 commentaires:
Magnifique texte. Je voudrais exprimer quelque chose de plus concret, mais c'est tout ce que je trouve a dire...
Wow, quel beau texte, ça vient vraiment nous chercher. J'adore aussi ces moments de solitude que tu as si justement décrits.
@roxie: C'est déjà pas mal.
@boutch: Ça fait du bien de se retrouver seul par moment.
@sophia mascara: Un endroit en particulier?
si t'aimes pas... pourquoi tu lis... et surtout pourquoi tu dis que t'aimes pas alors que tu pourrais closer la fenetre... don't get it!
@anonyme: C'est peut-être juste un texte qu'elle a moins apprécié et anyway, j'aime bien obtenir différents points de vue. Restons calme!
J'aime l'idée de la proximité du narrateur mais de son ignorance vu sa perte de sens... ça m'a fait penser comme un rêve quand tu veux voir mais que tu ne vois pas car tes paupières ouvrent pas!!!
c'est troublant!
Je suis du genre crow-bar, c'est un peu pourquoi je n'écris pas beaucoup. J'aime mieux l'écriture expressive, réflexive. J'y suis malheureusement rarement inspiré, et manifestement pas aussi doué.
Ici, je crois que l'intention n'est pas dirigée vers le lecteur, justement. C'est un nuage d'idées dans lequel le tapageur navigue et son intention est de s'y retrouver, tout simplement, pas de le faire traverser à quiconque.
À chacun son nuage...
Hey Hey Hey !! J'en veux plus moi?
Très bon article, comme toujours. Il a le mérite de susciter le commentaire.
Enregistrer un commentaire