J'ai commencé à travailler pour vrai à l'âge de 16 ans, vers la fin de l'été. La Légende m'avait recommandé à l'épicerie de son oncle où il travaillait depuis un bout. Je débutais mon secondaire cinq, j'allais bientôt obtenir mon permis de conduire et hériter de l'usagé véhicule paternel. Je dépensais mon argent aussitôt ce dernier arrivé dans mon compte: livres (j'en achetais au moins 2 par semaine), gaz (j'étais le premier à posséder permis et voiture parmi mes amis et j'étais donc le taxi de service, quasi entièrement à mes frais), resto et autres éléments de sustentation et loisir. À cela s'ajoutaient nombreuses réparations sur ma fameuse Saturn dont les multiples ratés mécaniques avaient tôt fait de gruger ce que je ne dépensais pas ailleurs.
Puis arriva le jour où ma fidèle compagne de route rendit l'âme, à un moment somme toute opportun puisque l'été arrivait et mes déplacements d'ordre scolaire prenaient donc une pause pour quelques mois. J'ai donc passé l'été à travailler afin d'accumuler les ressources nécessaires à l'achat de la voiture maternelle, la rutilante T-Mobile qui est encore aujourd'hui mon superbe véhicule d'usage. Alors que c'était quasi mission accomplie, je fis un accident, résultat d'une manoeuvre hautement douteuse de ma part. Diagnostic: 2700$ pour réparer carrosserie et lumière frontale. Évidemment, j'avais décidé dans une témérité coutume chez moi de ne pas m'assurer des deux côtés. Je devais donc assumer les coûts dans l'entièreté. Voilà qui venait miner mes efforts et la facture qui s'élevait initialement à 5100 pour la voiture venait de se métamorphoser en 7800. Nul doute que mes finances venaient d'en prendre un coup.
S'en suivit ensuite une année où je continuais à payer la T-Mobile et malgré tout, continuais à dilapider le reste de mon avoir dans diverses choses et activités plus ou moins pertinentes. Puis vint une autre été où j'accumulai de l'argent pour ma première année universitaire, année où j'espérais bien ne pas travailler pour me concentrer sur mes études. L'année commença, des dépenses surprises s'accumulaient et, pour quelqu'un d'habitué à un revenu de 20h semaine durant l'école, les loisirs onéreux étaient un luxe désormais à proscrire.
Ces dernières semaines, tandis que l'année achève, je regardais mon compte en banque diminué rapidement aux rythmes de pleins d'essence et je me privais de diverses sorties, je ne prenais plus de bière du tout quand je sortais, je n'ai pas été à 2 shows que j'aurais adoré voir.
Puis, vendredi, je suis allé encaisser deux chèques de T.P.S. que j'avais en dormance sur une étagère de ma chambre. J'ai également été à un rendez-vous qui suivait l'appel d'une gentille dame de la caisse intéressée à me rencontrer de par mon statut d'étudiant en actuariat (?). La femme en question voulait me présenter les divers plans offerts aux "gens comme moi". Au menu, des marges de crédit de 100 000$ avec taux préférentiel, des chèques gratuits, des suivis de dossier constants, toute la patente. Je me sentais comme une belle fille dans un bar de la Côte-Nord, on me sur-courtisait sans aucun scrupule. Bien sûr, j'ai zéro besoin de tout cela mais de savoir qu'on était prêt à m'offrir la totale avait quelque chose de sympathique. Cependant, vu que j'avais les cheveux hirsutes, la barbe d'au moins 5 jours, une chemise fripée et les yeux maganés comme la voix d'Éric Lapointe, je me suis dit qu'ils offraient vraiment ça à quiconque et je me suis senti à nouveau moins spécial.
Puis, je me suis également rappelé que j'avais un autre chèque de T.P.S. qui s'en venait. S'ajoute à ça un retour d'impôt de 950 quelques dollars et le fait que ma fête est dans 1 semaine jour pour jour. On dirait bien que le printemps fait fondre des banquises de revenus insoupçonnés pour venir se jeter dans l'aride et faible ruisseau de ma situation financière.
Le mieux de tout, je me suis trouvé un boulot, je commence immédiatement, le tout devrait bien se marier avec mes études et les possibilités d'heures pour cet été sont fort excellentes. J'ai réussi à vendre ma salade dans une entrevue drôlement plus légère que celles pour des stages en actuariat. Le foreman m'a dit à 5 reprises qu'il pensait avoir fait un bon coup en m'engageant. Ainsi donc, je deviens employé d'une usine à pain. De la besogne difficile physiquement et mentalement en perspective. Des anecdotes savoureuses avec les employés qui me semblent généralement co-sanguin, des expériences paranormal, tout le kit, je sens que ça risque d'être pas mal plaisant.
Alors, je vais pouvoir accumuler une plus grande quantité d'oseille canadien et j'ai à nouveau des ressources. Où est-ce qu'on sort?
dimanche 6 avril 2008
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4 commentaires:
Que dis-tu d'un bar de la Côte-Nord? Paraît que le ratio est plutôt intéressant.
ahaha, j'ai déjà hâte de pouvoir me repaître de tes mésaventures... :)
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