J'ai commencé à travailler à temps plein au Royaume du Pain tandis que le soleil délaisse progressivement sa timidité et que le gazon revêt de plus en plus sa verdure des beaux jours. Je commence à m'habituer à l'emploi, les journées me paraissent moins interminables, ne me reste plus qu'à maîtriser le côté verbal de l'usine, développer la façon de parler d'un bon vieux gars de shop.
Je remarque certaines constantes. Tout d'abord, la structure de base d'une phrase est modifiée. Désormais, on a affaire à Sujet+Verbe+Tabarnac. Un classique, "Je [Sujet] suis écoeuré [Verbe] tabarnac [Tabarnac]" en est parfait exemple. D'autres répliques immortels tel que "Ta femme pue tabarnac" ou "Dans le tabarnac de cul tabarnac" confirment la théorie.
Il me faut également être capable de décoder en temps réel les diverses instructions de mes supérieurs hiérarchiques. "Men va t'tower les palettes au fond pis tu cleaneras el chester ak du ecoenergy ben steady pour qu'après on drope el munch dans salle" se doit d'être clair et limpide à mon esprit même si j'ai parfois l'impression d'être tel un homme hétérosexuel dans une soirée tupperware: je saisis fuck all.
Fait à noter, l'usage de la périphrase est également un must. En effet, la machine à trancher devient "la calice" et le grand patron est "le gros christ". La comparaison est aussi procédé répandu. "St'aussi clean qu'les boules à Michèle Richard" fait figure d'adage populaire dans l'usine. Le court sacre devient litote dans ce beau monde. Parfois même, de zélés employés se laissent aller au chiasme: "Marcel produit dla marde comme le mélangeur produit d'la pâte".
J'essaie donc d'approcher les employés qui me semblent le plus divertissants et évite ceux qui écument lentement dans les coins de la salle de pause le regard vide. Lentement, j'apprends à percevoir les signes du milieu, naviguer avec le courant, me mettre les travailleurs chummys de mon bord. Pour se faire, je tente de prendre contrôle du vocabulaire d'usage. Toujours stimulant d'apprivoiser un nouveau cercle social.
"Calice, le tabarnac, m'a y crisser mon poing su l'ostie de gueule, sacrament!" -Le gars de la machine à panier.
lundi 12 mai 2008
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
13 commentaires:
Il doit bien en avoir un autre que toi qui n'est pas consanguin ? Le tabarnac est répandu pas juste dans les shop mais dans les bureaux aussi, je te le confirme. Et nous avons aussi des écumants dans nos bureaux propres.
@francis: Il y en a, il faut cependant savoir les identifier parmi la masse grouillante de douteuse attitude et c'est pas toujours facile. J'ai cependant fait quelques pas pire "découvertes" jusqu'à présent.
Lâches-pas la patate...
...tabarnac! ;)
J'tavais oublié mec... Mea Culpa!
Il me fait sourire ce billet là. Comme plusieurs autres sur ton blogue! Coudons, j'me tanne pas!
T'écris bien, belles tournures de phrases, c'est limpide, pas trop ''lèché'', c'est marrant, pas trop compliqué, sympathique, sans trop de jugement, franc... J'irais même jusqu'à dire que tu as l'air d'un bon gars, pas trop con et avec de la geule et de l'esprit. Ce n'est pas peu dire!
Dans ma liste de blogue à lire, tu es installé bien confortablement en haut. Même si je ne te commente pas toujours, je lis tout ce que tu écris.
J'avais envie de te le dire depuis un bout alors aujourd'hui je me gâte!
@drew: Pas de problème haha, je me fais tout petit anyway.
@volage: Wow, merci beaucoup. Ce temps ci, je me demande pas mal pourquoi je tiens un blog, si ce que j'écris est intéressant pour quelqu'un autre que ma personne. Je sens que je suis pas mal banal, fade. Des commentaires comme ça, c'est motivant et ça donne le goût de continuer à écrire ses inepties. Merci.
Pas de se faire tout petit ;) Me suis arrangé pour que ça n'arrive plus!
Si vraiment tu n'en peux plus de leur langage de pauvres, dis-leur donc de façon à ce qu'il comprennent:
"Eille Criss!! Si té pas content t'a rien qu'à la câlisser là ton estie de job poche, faque arrête de chialer tabarnak!!! Non mais maudit!!! Ça va faire là criss!!"
Ou une variante du genre!!!
;)
Question: Est-ce que des clients ce présente à ta shop? Si oui, est-ce qu'ils entendent ça?
Y'a pas de solution sans problèmes!
"T'en feras une douzaine.
- C'est ça, j'en ai 6."
T-A-B-A-R-N-A-K!
Avec tous ces sacres, ça doit être du pain béni que vous faites.
Tant que tu reviennes dans dans les cours la session prochaine:
"Tabarnac, cé quoi l'estie de prob avec c'te criss d'intégrale là, ça se peut tu être compliquée de même moé j'va calisser mon poing dans face du gars qui a inventé ça des colisse de lois de même!"
Enregistrer un commentaire