C'est cette semaine que débutait à proprement parler mon emploi estival au rythme de 40 heures dans ce que j'appelle le Royaume du Pain. Après quelques semaines de réclusions à la salubrité et ses tâches outcastantes, je prenais contact vraiment pour la première fois avec ce qu'il est tenu d'appeler les "gars de production". En effet, alors que j'en suis toujours à m'immiscer dans cet univers où ne pas avoir perdu son permis de conduire à 3 reprises semble relever de l'exploit, je recevais ma formation sur diverses machines et tâches aussi complexe que l'animation d'Éric Salvail à Dieu Merci.
Tandis que j'aurai l'été pour divaguer sur les hommes de main du Royaume, je m'attarderai pour l'instant à la Machine à Panier.
C'est qu'hier, j'ai fait mes débuts officiels à ladite machine. Mes collègues de salubrité m'ayant raconté avec effroi des anecdotes de soirées où ils durent opérer ce monstre sacré, c'est avec expectative que j'attendais d'avoir la chance de m'y atteler.
Formée tout simplement du commencement de long convoyeur, la Machine à Panier se doit d'être nourrie constamment de ces paniers de plastiques par lesquels transitent le pain. Alors qu'ailleurs au Québec cette tâche est robotisée, au Royaume du Pain, de pauvres hommes s'évertuent à répéter les mêmes mouvements all day long. Ainsi, lorsqu'on m'annonça que je devais aller remplacer le gars de la Machine à Panier durant son break, j'étais mû d'une curiosité tranquille.
Arrivé là-bas, j'ai mon premier contact réel avec l'opérateur de soir, un homme que nous appelleront MarioCampeau pour les besoins de la cause. Mesurant 5 pieds maximum, MarioCampeau est sans doute la personne la plus potelée qu'il m'ait été donné de voir. Ses traits sont identiques à ceux d'un nain de jardin. Je lui annonce donc qu'il peut aller en pause avec une ardeur toute juvénile et une naïveté éphémère. Aucune réaction faciale de l'homme au gras de coude, il se dirige vers la salle de pause sans mot dire avec le regard plus vide qu'un discours de Gilles Duceppe.
Je réalise que la Machine à Panier, c'est un peu comme aller à la messe. De l'extérieur ça semble long et déplaisant et de l'intérieur, c'est way pire. Mes gestes sont machinales (rarement utiliserai-je ce mot aussi littéralement), et les minutes s'égrainent lentement avec une lente lenteur. L'éternité passe vite comparé à ça. Je dis souvent que l'enfer, c'est une cour à pelleter qui se remplit infiniment de neige. Désormais, je dis que l'enfer c'est pelleter puis prendre une pause pour aller faire un shift à la Machine à Panier.
Plus tard en soirée, je retourne pour remplacer MarioCampeau. Enthousiasmé, je lui indique que "la soirée achève, la fin de semaine arrive". Aucune réaction corporelle, aucun acknowledgement de ma présence, l'homme au gras de phalanges se dirige vers la salle de pause avec une démarche laborieuse comme s'il avait compris que rien n'achevait, qu'il y aurait toujours des paniers à mettre, sempiternelle tâche fastidieuse.
Souvent aux nouvelles, après un meurtre, on entends l'entourage du suspect dire que "jamais il n'aurait cru...". Pas avec MarioCampeau. Hell no. Son âme à depuis longtemps été succubée par The Evil Machine, laissant un peu plus à chaque jour de son équilibre mental affecté.
Maudite soit cette machine!
Tandis que j'aurai l'été pour divaguer sur les hommes de main du Royaume, je m'attarderai pour l'instant à la Machine à Panier.
C'est qu'hier, j'ai fait mes débuts officiels à ladite machine. Mes collègues de salubrité m'ayant raconté avec effroi des anecdotes de soirées où ils durent opérer ce monstre sacré, c'est avec expectative que j'attendais d'avoir la chance de m'y atteler.
Formée tout simplement du commencement de long convoyeur, la Machine à Panier se doit d'être nourrie constamment de ces paniers de plastiques par lesquels transitent le pain. Alors qu'ailleurs au Québec cette tâche est robotisée, au Royaume du Pain, de pauvres hommes s'évertuent à répéter les mêmes mouvements all day long. Ainsi, lorsqu'on m'annonça que je devais aller remplacer le gars de la Machine à Panier durant son break, j'étais mû d'une curiosité tranquille.
Arrivé là-bas, j'ai mon premier contact réel avec l'opérateur de soir, un homme que nous appelleront MarioCampeau pour les besoins de la cause. Mesurant 5 pieds maximum, MarioCampeau est sans doute la personne la plus potelée qu'il m'ait été donné de voir. Ses traits sont identiques à ceux d'un nain de jardin. Je lui annonce donc qu'il peut aller en pause avec une ardeur toute juvénile et une naïveté éphémère. Aucune réaction faciale de l'homme au gras de coude, il se dirige vers la salle de pause sans mot dire avec le regard plus vide qu'un discours de Gilles Duceppe.
Je réalise que la Machine à Panier, c'est un peu comme aller à la messe. De l'extérieur ça semble long et déplaisant et de l'intérieur, c'est way pire. Mes gestes sont machinales (rarement utiliserai-je ce mot aussi littéralement), et les minutes s'égrainent lentement avec une lente lenteur. L'éternité passe vite comparé à ça. Je dis souvent que l'enfer, c'est une cour à pelleter qui se remplit infiniment de neige. Désormais, je dis que l'enfer c'est pelleter puis prendre une pause pour aller faire un shift à la Machine à Panier.
Plus tard en soirée, je retourne pour remplacer MarioCampeau. Enthousiasmé, je lui indique que "la soirée achève, la fin de semaine arrive". Aucune réaction corporelle, aucun acknowledgement de ma présence, l'homme au gras de phalanges se dirige vers la salle de pause avec une démarche laborieuse comme s'il avait compris que rien n'achevait, qu'il y aurait toujours des paniers à mettre, sempiternelle tâche fastidieuse.
Souvent aux nouvelles, après un meurtre, on entends l'entourage du suspect dire que "jamais il n'aurait cru...". Pas avec MarioCampeau. Hell no. Son âme à depuis longtemps été succubée par The Evil Machine, laissant un peu plus à chaque jour de son équilibre mental affecté.
Maudite soit cette machine!
5 commentaires:
Potelé? Me semble que sur mes phalanges et mes coudes... Y'as pas grand chose :-P
Ok là, tout le monde veut une photo de la machine... ou du moins des explications. Ça a l'air fuckin' nice cette machine!
Ce que je trouve le plus pathétique c'est que cette homme est surment écoeuré de cette job, mais il n'ose pas prendre le contrôle de sa vie et se trouver autre chose de plus passionnant!!
Bref, je crois que c'est une vraie expérience psychologique tu est entrain de faire à cet job d'été...
@drew: C'est que c'est la personne la plus ronde de partout que j'ai vu ever!
@pinocchio: Je travaille sur ça :P
@parfait imparfait: Je risque de vivre quelque chose de globalement intense, je le prends comme ça.
Merci beaucoup pour ce site et toutes les informations qu’il regorge. Je le trouve très intéressant et je le conseille à tous !
Bonne continuation à vous. Amicalement .
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