Véritable spartiate contemporain, émule sensationnel des plus grands guerriers, figure mythique du 21e siècle, le blogueur ne recule devant rien. C’est dans cette optique que je me suis rendu dans un endroit dont le mythe saurait approcher la grandeur du mien : Le Clip. Véritable institution de l’œuf au vinaigre, temple de la quille de Bleue, lieu de culte de la crasse, que dire de ce bar si ce n’est qu’il abrite la quintessence du ’’cossé ça?’’.
Vendredi soir, après quelques games de pool avec La Légende, Le Pauvre, Le Poudré et Le Roi, nous nous rendîmes (quel belle utilisation du passé simple, je m’émeus moi-même…) donc dans le dit Bar. Il est important à ce stade-ci du récit de préciser des faits notoires dignes de mention : nous étions un vendredi (lendemain du jour de paie) et un 2 novembre (lendemain de la réception du beau chèque par la malle par nos amis de l’assistance sociale). Inutile donc de vous dire que le bar était aussi plein qu’une église par un dimanche de 1952.
Ainsi donc, nous pénétrâmes (ouf!) dans Le Clip presque sur le coup de minuit. À cet instant, on aurait cru qu’une déchirure s’était opérer dans l’espace temps afin de le suspendre. Le silence fut dans le dit bar de chansonnier et nous nous retrouvâmes avec deux douzaines de regards braqués sur nous tel hétéro en bar gay. C’est à peine si le chansonnier, un Christian dont je traiterai plus tard, n’a pas arrêté de jouer.
Rapidement, la barmaid (et non barman comme le dit si bien La Légende) se dirige vers nous et prend nos commandes en faisant preuve de patience lorsque Le Pauvre a pris 3 minutes à compter ses orignaux et ses huards. À peine 5 minutes après notre étonnante arrivée dans l’antre de la chemise en polar, le singer annonce qu’il va prendre une pause (comprendre ici se claquer 3 cigarettes, une branlette et une pissette en 10 minutes). La serveuse amène les commandes et nous profitons de cette accalmie pour cerner en profondeur les clients en présence.
Sans le moindre doute, une femme sort du lot. Haute de peut-être 5 pieds 2, pesant au plus 90 livres, elle arbore une couette ainsi qu’un bandeau rose sans oublier sa ceinture ornée de brillants digne de ma voisine âgée de 6 ans. Celle que nous appellerons pour les besoin du présent texte « la cocotte » se trémoussait au son de l’original Boys of the Summer en engouffrant ce qui ne saurait être autre que restants de son cheque de la veille dans une bonne vieille machine de Loto-Québec.
Je ne pourrais mentionner la désormais nommée Cocotte sans parler de ce qui semble être le parrain du réseau des bars miteux de Lévis, un homme du nom de Michel également connu sous le patronyme du « dodelineux de tête ». Ce dernier, que j’ai aperçu dans 3 bars différents buvant 3 sortes de bières différentes, habillé de 3 façons différentes mais dodelinant la tête toujours de la même façon est un mystère. C’est ce qu’on appelle la constance sans doute. Bref, Mike semblait hypnotisé par Cocotte. Enfin, c’est ce que je décelais dans son regard où se côtoyaient air ludique et absence totale.
De plus, je me dois de parler des 2 groupes majeurs qui se dessinaient dans la masse. Immédiatement à côté de nous étaient regroupés 6 ou 7 personnes dont l’allure et la propreté présentent des lacunes flagrantes. Une dame me fait peine à voir. La bouche grande ouverte, elle scrute le vide et son gilet laisse entrevoir des seins dont le niveau s’apparente à celui de son ventre. À ses côtés, des hommes dont la virilité est inquestionnable de par leurs barbes proéminente et leurs chemises à carreaux. Se rajoute au lot une femme à la chemise blanche style matante année 80 et les boucle d’oreille pour matcher ainsi qu’un « jeune » homme de 30 ans qui semble être conscient de son relatif échec dans la vie. Je pense que ce groupe se résume en 2 moments clés, la femme à chemise blanche (60 ans minimum) essayant de frencher le jeune de 30 ans en lui disant « tu es mon fils », ainsi que la dame à barbe absente qui passe une tounes d’AC/DC enlacée debout avec un de nos 2 hommes virils les yeux dans la graisse de bean.
Le second groupe digne de mention en est un formé de 3 femmes de 40 ans ainsi que de l’ultime air guitar-bass-drum-cloche-à-vache-maracas player. Les femmes qui dansaient comme si leur vie en dépendait n’hésitaient pas à « montrer de la peau » aussi adipeuse soit-elle. Je peux vous dire que leur danse sur The Mexican de Babe Ruth restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Je terminerai en parlant de Christian, l’incroyable guitariste qui a animé notre soirée. Homme aux doigts agiles et à la voix de bronze (faudrait pas charrier tsé), il a passé du Kaïn à Kiss sans négliger Iron Maiden, Black Sabbath ou Pink Floyd en terminant sur du Offenbach. Ayant cerné son public (principalement le air guitar man), Chris a enchainé les tounes rock gardant son public sur le bout de son siège et en haleine une heure et demie durant.
C’est ainsi que nous nous en retournâmes, rassasié de tant d’expériences nouvelles. Souvent, je lis des romans dans lesquels les personnages se ramassent dans des bars miteux et remplis de gens surréalistes. Chaque visite au Clip me rappelle qu’il s’agit bien là de choses possibles et réelles.
En terminant, j’ai une pensée pour la barmaid. Dans le temps où je travaillais dans la section viande d’une épicerie aujourd’hui déchue, je devais faire des chiffres de 8 AM à 9 PM durant lesquels il fallait que je lave le congélateur à viande où des morceaux divers avaient collés sur le plancher au courant de la semaine. J’étais démotivé mais je me dis que cette fille là vis une épreuve aussi dure et ce, chaque semaine!
Qu’on se le dise, le Dôme n’équivaudra jamais le Clip!
samedi 3 novembre 2007
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