J'ai réalisé dernièrement que mes études achevaient bien vite, que ma vie estudiantine empruntera rapidement le même chemin que la carrière de Pauline Martin: deviendra flou souvenir que je me remémorerai avec sourires et nostalgie. C'est étrange de penser carrière, gestion, oméga 3. J'appréhende l'entrée dans la vraie vie, celle avec des responsabilités, celle où je ne pourrai me contenter d'être niais et suivre le courant, celle où répondre "on s'en fout" ne sera plus la panacée.
I'm afraid to become a fucking suit.
Je me dirige dans un milieu qu'on décrit comme drabe. On calcule 24/7, on arbore chemises-zé-cravates, on plisse du front et on prend des airs excédés en maugréant des "ben voyons". La spontanéité se fera rare, la folie sera véhément pourfendue, la cordialité restreinte. Le gris m'assaillira, la pression sociale tentera de m'amener à revêtir bas blanc et sérieux souliers. Oulala.
Je veux pouvoir continuer à prendre la vie à la légère, rire des reproches, consommer la lubie d'autrui comme catalyseur d'insouciance frivole. Je ne veux pas oublier que si peu de choses méritent d'être prises au sérieux. Je veux rester loin des carcans, versatile, détaché.
Et pourtant...
J'ai peur de me lever tous les matins à 6 heures, me raser en ne remarquant même plus mon terne reflet dans le miroir, engloutir tièdement les mêmes céréales ramollies avant d'engloutir vitamines et suppléments naturels. Je suis effrayé à l'idée du commun, de la masse, de l'engloutissement de ma personne par la machination globale de la performance. Je crains de devenir un de ses conducteurs de berline noire luxueuse qui, le soir venu, revient chez lui en traversant le pont, serrant son volant très fort en arborant un regard d'une alarmante lassitude. J'ai la chienne de faire des semaines de fou, revenir à 19 heures chez moi pour ensuite manger un plat réchauffé au micro-onde dans un condo cruellement vide. Je tremble en pensant à des nuits interminables passées dans un lit froid. Et surtout, je redoute d'arriver à quarante ans et faire le constat que je suis devenu ce que je crains. Parce qu'il sera trop tard.
I'm afraid to become a fucking suit.
Je me dirige dans un milieu qu'on décrit comme drabe. On calcule 24/7, on arbore chemises-zé-cravates, on plisse du front et on prend des airs excédés en maugréant des "ben voyons". La spontanéité se fera rare, la folie sera véhément pourfendue, la cordialité restreinte. Le gris m'assaillira, la pression sociale tentera de m'amener à revêtir bas blanc et sérieux souliers. Oulala.
Je veux pouvoir continuer à prendre la vie à la légère, rire des reproches, consommer la lubie d'autrui comme catalyseur d'insouciance frivole. Je ne veux pas oublier que si peu de choses méritent d'être prises au sérieux. Je veux rester loin des carcans, versatile, détaché.
Et pourtant...
J'ai peur de me lever tous les matins à 6 heures, me raser en ne remarquant même plus mon terne reflet dans le miroir, engloutir tièdement les mêmes céréales ramollies avant d'engloutir vitamines et suppléments naturels. Je suis effrayé à l'idée du commun, de la masse, de l'engloutissement de ma personne par la machination globale de la performance. Je crains de devenir un de ses conducteurs de berline noire luxueuse qui, le soir venu, revient chez lui en traversant le pont, serrant son volant très fort en arborant un regard d'une alarmante lassitude. J'ai la chienne de faire des semaines de fou, revenir à 19 heures chez moi pour ensuite manger un plat réchauffé au micro-onde dans un condo cruellement vide. Je tremble en pensant à des nuits interminables passées dans un lit froid. Et surtout, je redoute d'arriver à quarante ans et faire le constat que je suis devenu ce que je crains. Parce qu'il sera trop tard.
16 commentaires:
Woah ! Tu frises la déprime mon gars ! Il est encore temps de réagir !
As-tu pensé aux Témoins de Jéhovah ?
Aux Chevaliers de Colomb ? à faire du bénévolat à la Maison du Père ?
À te lancer en politique ?
Mon Dieu ! il y a plein de belles choses que tu pourrais faire sans même lâcher ta job grisâtre...
Réveille !
Garamond
On va se partir notre compagnie d'assurance ne t'en fais pas.
C'est du déjas vu, mais si sa arrive, je vais aller t'écoeurer à ton travail avec un gilet ou il est inscrit : Suits Suck
On dirait du Bret Easton Ellis
Il n'en tient qu'à toi.
C'est sûr que y'a quelque chose de terrifiant là-dedans...
Que tout ça, ça se fasse si insidueusement qu'on ne s'en rende pas compte...
En fait, j'ai pas grand chose de constructif à dire.
Y'a plusieurs choix qu'on peut faire qui permettent de rester soi. Enfin, j'y crois...
Faut garder espoir :)
C'est encore toi dans le suit, et c'est à toi de choisir si les culottes appartiennent au suit ou à toi. Que t'en sois self-conscious aujourd'hui est un grand pas dans la bonne direction, avant même de te faire tirer dans la mauvaise.
Je pense régulièrement à la même chose. Je termine mon bacc cette année et tous ont envie de finir, pcq 4 ans, ca commence à faire.
Pourtant, le vrai monde qui m'attend m'effraie.
La routine, la job steady, de savoir que je vais occuper le même poste pendant plusieurs années... je ne suis pas certaine que je suis prête à vivre cela. Surtout que mes 5 premières années seront d'autant plus rushantes, et que j'ai encore envie de vivre dans l'insouciance.
Je crois quand même que mon quotidien pourra être intéressant et mon emploi stimulant.
Pourtant, je résiste à plonger dans l'avenir que je me suis moi-même créé.
Essayez donc de comprendre...
@garamond: Je suis un peu déprimé dans le moment certes, mais j'appréhende surtout le futur. Bonne idée que celle de diversifier mes champs d'activité. Éventuellement, je crois que la politique sera un domaine où je vais m,impliquer, si je trouve le bon véhicule.
@Pocket: J'embarque anytime jeune homme.
@anonyme: Damn, wannabe Billy Wlash hors de ma vue.
@Transatlantique: Ce que j'écris? Ce serait bien trop d'éloge. Quoi donc alors?
@Mélou: Je sais bien, et c'est un peu ça qui fait peur.
@Camille: En effet, faut garder espoir. Et toujours rester conscient, pour combattre ces changements qui se font à petit feu.
@l'Ours: C'est vrai que la conscience aujourd'hui, c'est un bon mécanisme de défense. J'espère seulement que ça suffira.
@Caroom: Je me reconnais beaucoup dans ce que tu dis. On étudie maintes années sans vraiment savoir comment ce sera lorsqu'on plongera vraiment. C'est un peu comme un verdict final après tant d'effort. Ça fiche la trouille.On ne sait pas comment ce sera. J'espère pour toi que tu as fait le bon choix et que finalement, après toutes cas années d'étude, tu profites de cette vie qui désormais t'appartiens.
wowwww jadore ce post...!!!
tout ca... cest ce qui se passe dans ma tête au quotidien, mais formulé 100 fois mieux que je ne puisse le faire :P
Quand le périble scolaire s'achève.. on réalise subitement que ca fait deja plus de 17 ans qu'on est sur les bancs d'école.. on se dit....
et puis après?
moi j'ai peur de l'inconnu, peur de ne pas savoir ou je vais aller... peur de me dire que mon métier... peut-etre sera porter a disparaitre... peur de m'endetter de 140 000$ loll peur peur peur...
mais je fini toujours par me dire que mieux vault prendre la vie au jour le jour et esperer le mieux pour nous dans le futur...
le reste...
on sen fou..
la vie va nous donner se que l'on mérite..
j'en suis sur :)
@djou: Au jour le jour en effet, j'imagine que ça sert à rien de craindre des trucs si lointain. Chaque chose en son temps.
Prends donc un an puis va voir ailleurs si tu y es... Loin! Ta belle job de bureau va être capable de t'attendre.
ce que je cherchais, merci
This blog has a lot of friendliness and a warm welcome
thank you very much
Merci pour cet article !
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